Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues, regroupant plus de trente associations et fédérations de défense et promotion des langues régionales, a suivi avec intérêt la séance publique du Sénat le 10 décembre 2020 sur la proposition de loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion. Initialement déposée par le député Paul Molac dans le cadre de la niche parlementaire de son groupe Libertés et Territoires, elle avait déjà fait l’objet d’un examen en première lecture à l’Assemblée nationale en février dernier.
Durant ce débat, l’ensemble des articles relatifs à l’enseignement des langues régionales avait été rejeté par la majorité LREM à la demande du Ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.
Le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires, créé au Sénat depuis les dernières élections, a repris dans sa « niche » parlementaire la proposition de loi Molac, et nous tenons à l’en remercier. Cela a permis au débat sur les langues régionales de rebondir de façon tout à fait positive. En effet, lors du débat animé par la sénatrice de Gironde Monique De Marco, rapporteure pour la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication, le texte issu des travaux en première lecture de l’Assemblée nationale a été voté par une majorité sénatoriale largement transpartisane. Mieux : les amendements adoptés par les sénateurs ont permis de revenir sur plusieurs dispositions supprimées à l’Assemblée, et qui seront donc de nouveau en discussion en deuxième lecture.
Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues remercie ainsi chaleureusement les chefs de file des six groupes sénatoriaux qui ont choisi de porter conjointement les amendements relatifs à l’enseignement, et en premier lieu Max Brisson pour le groupe majoritaire Les Républicains et sa collègue Laurence Muller-Bronn. Le collectif souligne également l’implication de Ronan Dantec et Paulu-Santu Parigi (Écologiste - Solidarité et Territoires), Frédérique Espagnac, Sylvie Robert et Lucien Stanzione (Socialiste, Écologiste et Républicain), Claude Kern et Michel Canevet (Union Centriste) Jean-Pierre Decool (Les Indépendants – République et Territoires) ainsi que la cheffe de file du groupe du Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants Nadège Havet par ailleurs membre de La République en Marche. Le collectif se réjouit que le Sénat ait pris la mesure de ce qui se joue aujourd’hui pour l’avenir des langues régionales. La très haute tenue de ce débat témoigne de progrès sensibles dans l’approche de la représentation nationale en faveur de celles-ci.
Toutefois, nous déplorons l’attitude du ministre Jean-Michel Blanquer qui, lors du débat, s’est à nouveau opposé à ces dispositions pour la sauvegarde de nos langues. Nous n’arrivons toujours pas à comprendre comment, en 2020, et alors que des dizaines de milliers d’élèves ont été formés depuis plus de quarante ans en suivant un enseignement bilingue ou immersif, un ministre de l’Éducation nationale ose affirmer devant des parlementaires que la promotion d’un enseignement en langue régionale puisse porter atteinte à une bonne connaissance de la langue française. Les études et les résultats aux examens démontrent pourtant le contraire.
Il est cependant rassurant de constater que sur la question de l’extension du forfait scolaire, les sénateurs et sénatrices, par 253 voix contre 59, ont résisté à ses arguments peu inspirés.
Cela nous fait aussi espérer être mieux entendus quand nous dénonçons les effets linguicides de la réforme Blanquer du baccalauréat, quand nous demandons plus de moyens et plus de considération pour un enseignement essentiel à la transmission d’un patrimoine immatériel reconnu par notre Constitution.
Nous continuons notre mobilisation et nous renouvelons notre demande d’un dialogue avec le ministre de l’Éducation nationale, qui n’a toujours pas donné suite à la demande que lui a formulée en ce sens en août dernier le président de la République, pour que de nouvelles dispositions soient prises dès la rentrée scolaire 2021 en faveur de l’enseignement des langues régionales.
Lorsque la proposition de loi Molac sera mise à l’ordre du jour pour une seconde lecture à l’Assemblée nationale, le collectif Pour Que Vivent Nos Langues se mobilisera pour obtenir des députés un engagement politique analogue à celui des sénateurs, et du Gouvernement un changement très rapide d’attitude à l’égard des langues régionales qu’il met aujourd’hui en grave danger.
Le combat n’est pas fini.
Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues